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Anti-Mytho
Revue trimestrielle
Commentaire
Automne 1997 n°79
fondée par Raymond Aaron

Rubrique
Critique des idées et des livres
Pages 752-755

Un Iran de fantaisie
par Ramine Kamrane

Jean-Pierre DIGARD,
Bernard HOURCADE et
Yann RICHARD :
Iran au XXe siècle
(Fayard, 1996, 459 pages.)
« IRAN au XXe siècle » réunit une certaine quantité d'informations qu'on aurait  du mal à trouver dans une autre source de langue française, et l'effort des auteurs dans la réunion de ces informations est en ce sens bienvenu. Ce qui est critiquable chez eux c'est la sélection des faits, les erreurs et les omissions, le manque d'analyse et de vision historique cohérente et enfin la reprise des thèmes de la propagande et de l'historiographie officielle islamistes.
La première surprise réservée au lecteur tient au fait que, dans la longue bibliographie de ce livre, aucune mention n'est faite des recherches en langue persane, ni des sources primaires, les quelques notes de bas de pages cantonnées à la première partie ne pouvant en aucun cas remédier à ce manque. Les « omissions » sont loin, d'ailleurs, de se limiter aux ouvrages en langue persane.
  
ERREURS FACTUELLES
Ce qui ne manque pas non plus de surprendre est le nombre relativement élevé d'erreurs factuelles.

Passons sur quelques noms inexacts (Abdol-Malek Majidi au lieu d'Abdol-Majid Majidi, ou Farrokh Farrokhzad au lieu de Fereydoun Farrokhzad...) pour nous occuper de choses plus sérieuses.

Par exemple l'intitulé de la théorie politique de Khomeiny est une fois traduit en «magistère du guide » (p. 130), ce qui est faux, une autre fois comme «autorité du docteur » (p. 205), ce qui est plus proche de la réalité. Nos auteurs prétendent en outre que, d'après cette théorie, c'est « le plus digne » des savants religieux qui doit exercer l'autorité (p. 130). Chez Khomeiny, il n'est nullement question du savant le plus digne, mais au contraire de l'égalité des chances entre les docteurs.
Si dans de tels cas le lecteur a une chance sur deux de tomber sur la bonne définition ou de ne retenir que celle-ci, il est malheureusement des cas où même cette chance lui est refusée. Ainsi : « L'élite iranienne des années 70 ne comprenait guère plus d'un millier de familles» ! Les auteurs adoptent l'expression populaire « mille familles » (p. 332) (l'équivalent des « deux cents familles » en France) au pied de la lettre ( !) et pensent qu'elle représentait un dénombrement historique réel ( !!) toujours valable vers la fin des Pahlavis.

On trouve aussi des erreurs de chiffres. Nos spécialistes nous indiquent que l'attentat au siège du « Parti de la République islamique » (créé pour organiser politiquement le clergé à la suite de la révolution) a fait 74 morts (p. 184). Ils avaient en la matière le choix entre le chiffre avancé par la propagande islamiste (72, nombre sacré des martyrs de Kerbala) et le chiffre réel (vraisemblablement supérieur à 150), qui ne fut jamais officialisé. Ils ne choisissent ni l'un ni l'autre et nous proposent une estimation de leur propre cru [Note de la rédaction d’Antimytho:  donc, au final, très proche de  la propagande islamiste].
Il y a aussi des erreurs chronologiques qui dénaturent le sens des événements. Matin-Daftari, nous dit-on, aurait organisé, au lendemain de la révolution et à l'aide de son propre parti, le rassemblement monstre au tombeau de Mossadegh. Matin-Daftari sauta sur cette occasion pour proclamer la création de son propre parti baptisé « Front national démocratique ». On voit mal comment un parti peut organiser une manifestation avant d'être créé.

Le dernier genre d'erreurs exprime le manque de familiarité avec l'histoire contemporaine de l'Iran, du moins avec certains de ses épisodes. Par exemple, nos auteurs soutiennent que c'est Ali Amini, Premier ministre, qui a limogé (au début des années 60) le général Teymour Bakhtiar, tout-puissant chef de la Savak.
Imaginer un moment qu'Amini ait réussi à toucher de sa propre initiative à un personnage aussi important que le chef de la Savak démontre qu'on n'a pas saisi grand- chose à la logique du pouvoir de Mohammad Réza Shah.
Même si ces faiblesses sont difficilement acceptables de la part de spécialistes, il faut, pour rendre justice au livre et à ses auteurs, le juger dans son ensemble.
L'examen de l'ensemble se révèle plus décevant que la revue de détail.
A ce niveau les interprétations abusives, les omissions et les erreurs perdent leur aspect éparpillé et leur caractère individuel pour laisser émerger, à travers leur fréquence et leur complémentarité, les thèmes constants d'une interprétation historique discutable.
DU POIDS DU CLERGE

Dans l'Iran prémoderne, « la cohésion de l'espace et de la société urbaines était moins assurée par le pouvoir politique ou celui des marchands que par le clergé chi'ite ». Nos auteurs attribuent déjà, de manière injustifiée et au détriment des éléments séculiers, un rôle exagéré aux religieux dans la structuration de la société urbaine, passant par pertes et profits la structure même de l'urbanisation polycentrique; les relations de clientélisme que cette forme de l'espace urbaine exprimait; les familles étendues où se perpétuaient parfois les structures segmentaires...

La modernisation aurait beaucoup réduit le poids du clergé dans la société, mais lui aurait laissé le privilège exorbitant de former jusqu'à la révolution de 1979 le seul « groupe social faisant fonction d'intelligentsia produisant collectivement un discours normatif et critique sur la société ». L'émergence de l'intelligentsia moderne, qui remonte à la fin du XIXe siècle, ainsi que son énorme influence tout au cours de l'histoire de ce siècle se trouvent rayées d'un trait de plume.
Seuls trouvent grâce les mollahs ou les intellectuels islamistes, présentés, grâce à des omissions significatives, sous leur meilleur jour toujours au détriment des laïcs.
L'ayatollah Motahhari, fidèle élève de Khomeiny et l'un des apologistes de la république islamique, nous est décrit avec une naïveté déconcertante comme « l'un des penseurs les plus éminents de l'Iran » !
Djalal Ale-Ahmad, polémiste et médiocre écrivain qui a commencé sa carrière dans les rangs du parti communiste pour passer chez les mossadeghistes de gauche et finir dans la mouvance islamiste et anti-moderniste, est l'intellectuel le plus cité, et toujours couvert d'éloges.
Quant à Shariati, intellectuel et prédicateur islamiste qui a bénéficié d'une grande audience sous le régime du Shah, nos auteurs, qui traitent plus d'une fois de sa vie et de ses idées, oublient chaque fois de faire la plus petite allusion à sa manipulation par la Savak, qui espérait, en lui concédant une grande liberté de prêche, l'utiliser — avec les résultats que l'on connaît — contre les extrémistes de gauche. Cela est d'autant plus surprenant que Djalal Matini, ancien professeur et collègue de Shariati à l'université de Mashad, qui a suivi de près la carrière de celui-ci et qui vit en exil, a rendu public tout ce qu'il connaissait sur cette histoire.
  
L'IDENTITE

En parfaite harmonie avec la surestimation du rôle du clergé, le livre donne une place importante au problème de l'identité et note le danger de sa perte avant la révolution, reprenant en cela l'un des lieux communs de la propagande islamiste.

On nous explique d'abord que la dynamique de la révolution fut particulièrement tributaire de la personnalité de Khomeiny et d'un puissant courant de recherche identitaire, rejetant la demande de liberté et de justice sociale dans l'ombre pour ne garder qu'un des motifs idéologiques de la révolution, motif qui servit surtout à justifier la monopolisation du pouvoir par le clergé.

A l'époque du Shah, les propriétaires fonciers et la noblesse Qâjâr, qui, avec leur culture « aristocratique occidentalisée », « avaient dominé l'élite sociale et politique de l'ancien régime, tournaient — nous dit-on — le dos aux traditions locales». Nos spécialistes se montrent en retard d'une révolution et ne semblent pas au courant du fait que l'emprise de cette noblesse et de ces propriétaires terriens, se confondant en grande partie, avait connu un relâchement sans précédent avec la réforme agraire du début des années 1960 et que, depuis, ces catégories, au lieu de refléter l'état effectif des élites, servaient de piments aux discours revendicatifs.
Nos auteurs ne s'arrêtent pas là, ils écrivent que l'élite « connaissait très mal la culture et la société iraniennes, si ce n'est par des livres rédigés à l'étranger» que la nouvelle bourgeoisie des années 1970 « était outrageusement occidentalisée » et que «de nombreux jeunes de la haute société iranienne ne savaient même pas écrire le persan ». On serait en droit de se demander ce qui leur permet de reprendre si nonchalamment les slogans identitaires de la propagande islamiste en se lançant dans des jugements aussi massifs qu'inexacts et qui plus est pratiquement invérifiables tels qu'ils sont formulés. Selon quel critère peut-on accuser quelqu'un de ne pas bien connaître la culture de son pays, sur quelle base peut-on décréter que tel autre est « outrageusement occidentalisé »? Quelle étude a établi l'ignorance du persan par les jeunes de la haute société?
  
LA PRISE DE POUVOIR DES MOLLAHS

Les actes terroristes effectués par les islamistes en vue de la prise du pouvoir sont mis sur le dos du régime du Shah, qui, cela dit en passant, n'a pas besoin d'un tel surplus [Note de la rédaction d’Antimytho: commentaire qui dénote l’antipahlavisme de l’auteur de l’article].

Incendie criminel du cinéma Rex
Le plus significatif de ces actes est l'incendie du cinéma Rex à Abadan, qui eut lieu en août 1978 et se solda par la mort de près de quatre cents personnes, prisonnières des flammes dans une salle aux issues bloquées par les incendiaires. Cet événement bouleversa profondément l'opinion et fut attribué sur le coup au régime du Shah [Note de la rédaction d’Antimytho: contre tout sens commun, eu égard à la centaine de salles de cinéma déjà incendiées par les révolutionnaires qui les jugeaient ouvertement impies].
Après la révolution, quand la manifestation des familles des victimes, demandant une enquête et la punition des incendiaires, fut durement réprimée par le nouveau régime et quand, après un procès expéditif, le silence fut imposé sur cet événement, la vérité éclata et le doute sur la culpabilité des islamistes fut levé [Note de la rédaction d’Antimytho: contrairement à ce qu’avance l’auteur de cet article, il n’y eut jamais aucun doute quant à la culpabilité des islamo-révolutionnaires concernant cet odieux et barbare acte de terrorisme, perpétré par des partisans de Mossadegh sur ordre de l’ayatollah Khomeyni. Le but même de cet attentat était de radicaliser le mouvement révolutionnaire qui peinait à décoller en tablant sur la connivence, la mauvaise foi et l’aveuglement des détracteurs du Shah.]
            Depuis, cet événement a pris dans l'histoire de la révolution iranienne [Note de la rédaction d’Antimytho: « révolution iranienne » est une dénomination impropre, jamais ni usité ni attesté en persan, c’est une invention d’auteurs étrangers qui voudraient iraniser la « révolution islamique », seule et unique expression utilisée en persan] la même place que l'incendie du Reichstag dans l'histoire de la prise du pouvoir du nazisme et le massacre de Katyn dans celle des crimes staliniens. Il sert de révélateur du niveau de fidélité des discours historiques à la version islamiste officielle.

Hezbollâh
L'existence des troupes d'assaut des islamistes, les fameux Hezbollâh qui brisaient régulièrement toute résistance à l'ordre nouveau, est mise en doute par nos auteurs. Ils nous disent que ce Hezbollâh était avant tout « non pas une structure politique, mais un état d'esprit ». On serait tenté de leur demander comment un « état d'esprit » peut être si organisé et travailler de manière si systématique. Si nos auteurs tiennent à faire passer le Hezbollâh pour un état d'esprit, ils doivent alors lui reconnaître un genre frappeur.
  
BILAN DU REGIME

Nos auteurs sont persuadés que la théocratie iranienne est modernisatrice: «Malgré les apparences, la modernité politique n'a donc pas reculé avec la révolution: celle-ci a favorisé une meilleure intégration culturelle de la rationalité politique, notamment en faisant participer la masse de la population, jusqu'alors laissée pour compte, aux luttes pour le pouvoir — même si, en définitive, l'État a été accaparé par les religieux. » Comment la modernité politique peut perdurer malgré la négation radicale de l'État de droit, de la distinction de l'espace public et privé et des droits de l'individu, nos spécialistes ne veulent y prêter attention. Comment un État accaparé et dépecé par de nombreuses factions islamistes peut néanmoins servir d'instrument à une meilleure intégration de la rationalité politique, ils ne veulent rien y entendre. Comment, dans un régime où les résultats des élections ne reflètent que les rapports de forces à l'intérieur de la classe dirigeante, le peuple participe-t-il aux luttes pour le pouvoir? Cette question n'est pas posée, et pourtant l'évolution récente montre son importance.

Notre trio ne se contente pas de vanter la modernité de la théocratie iranienne, il exalte sa laïcité. A l'occasion de la baisse du nombre de députés enturbannés dans l'assemblée islamique (qui ont en fait laissé leurs places à des islamistes sans turbans), ils nous parlent de « laïcisation » du pouvoir, et deux pages plus loin de la perte d'autorité du Guide (Khameneï remplaçant Khomeiny) entraînant à son tour une sorte de « laïcisation » du régime. C'est réduire la laïcité à une histoire de tenue vestimentaire ou à l'incompétence religieuse.
Les prouesses du régime islamiste ne se résument pas à son caractère modernisateur et à sa dynamique « laïcisatrice », il serait libéral et libérateur. La « véritable nature fondamentalement libérale » du régime islamiste aurait été révélée à la suite des conflits suscités par les questions agraires car il aurait opté pour « un modèle productiviste libéral ». Malheureusement les chiffres (d'ailleurs cités dans le livre) sont là et nous disent que les importations alimentaires du pays ont quadruplé depuis 1978 (année de la révolution), tandis que la population n'a même pas doublé; drôle de productivisme libéral ! « Une nouvelle génération, qui n'a connu que le système islamique, arrive maintenant à l'âge adulte, quelque vingt ans après le changement de régime, dans un Iran paradoxalement plus ouvert que du temps où les cassettes de Khomeiny circulaient sous le manteau. » Effectivement, les discours de Khomeiny ne circulent plus sous le manteau.


En somme ce livre considère que le régime islamiste a réussi à opérer une synthèse des aspirations des Iraniens ainsi qu'à achever les tendances à long terme de la société iranienne. Selon eux, « les nouvelles institutions républicaines, malgré le contrôle de l'autorité cléricale, réalisaient, en effet, la plupart des aspirations populaires, notamment dans le domaine des libertés politiques : ni le suffrage universel, ni le droit de vote et l'éligibilité des femmes, ni le principe de la souveraineté populaire, ni même la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire n'étaient remis en cause dans les textes ». Notons que ces manifestations de la modernité ne doivent rien aux mollahs et qu'elles ont été introduites en Iran et réalisées en grande partie malgré la résistance du clergé [Note de la rédaction d’Antimytho: presque tout ce qui est moderne en Iran est un héritage direct et indéracinable de la dynastie Pahlavi, ce que l’auteur de l’article ne veut pas énoncer clairement par antipahlavisme primaire], ensuite que la souveraineté populaire a été littéralement mise en cause par le texte de la Constitution de la république islamique qui essaye de la faire coexister avec la souveraineté divine, et qu'enfin aussi bien la souveraineté que l'exercice des trois pouvoirs sont devenus l'apanage des islamistes. Si les aspirations populaires se résumaient à l'obtention sur le papier de tels droits, les institutions du régime impérial les avaient depuis longtemps réalisées et bien mieux que leurs remplaçantes islamistes.
Cette synthèse se trouve justifiée par des identifications. Il est d'une part question de « similarités frappantes » entre le mouvement mossadeghiste aux aspirations nationalistes et démocratiques du début des années 50 et le mouvement islamiste, antidémocratique et anti-moderniste qui porta les mollahs au pouvoir, sans qu'aucune explication soit donnée sur ce scoop historique. Le Parti de la République islamique, fondé au lendemain de la révolution sur le modèle des partis totalitaires, est classé dans la mouvance nationaliste [Note de la rédaction d’Antimytho : l’auteur de l’article omet de rappeler que l’ayatollah Khomeyni avait proclamé : « le nationalisme est impie » et que de ce fait, il ancrait le régime dans un antinationalisme justifié par le supranationalisme panislamiste], donc dans la suite historique du mouvement mossadeghiste qui était tout sauf totalitaire [Note de la rédaction d’Antimytho: l’auteur de l’article, admirateur inconditionnel et aveuglé du Premier ministre Mossadegh (1951-53) occulte l’anti-laïcisme et l’islamisme militant de ce dernier, son soutien public au terrorisme islamique, comme lorsque ce même Mossadegh, devenu autocrate liberticide, instaura la charia et reçut en héros le terroriste islamiste, acquitté sous son mandat et avec sa bénédiction, qui avait assassiné son prédécesseur le général Saint-Cyrien Razmara.]
 L'existence même de l'héritage mossadeghiste, libéral et démocrate, pose un problème épineux à nos auteurs, car il ne se dissout ni dans le modernisme autoritaire qui représente selon eux le visage du pouvoir politique, ni dans l'antimodemisme islamiste qui est censé exprimer les aspirations de la société. Il brise l'image dichotomique présentée dans ce livre. Nos chercheurs essayent naturellement de se débarrasser de cet intrus sans savoir trop quoi en faire et de le dissoudre en fin de compte dans l'islamisme, sans toutefois y réussir.
Mossadegh lui-même est présenté sur le dos de la jaquette comme un représentant du courant modernisateur autoritaire aux côtés du premier souverain Pahlavi ! Dans le corps du livre, quand on ne lui attribue pas des propos inexacts, il voit sa part partagée avec l'ayatollah Kachani, avec qui il est placé sur pied d'égalité. De manière gratuite on affirme qu'au début des années 60 Khomeiny a été le marja' (autorité religieuse reconnue) parmi les milieux mossadeghistes pour suggérer que ces milieux soutenaient Khomeiny, ce qui est inexact [Note de la rédaction d’Antimytho : par un négationnisme propre au mossadeghistes, l’auteur de l’article voudrait minorer ou nier les liens très étroits unissant la plupart des héritiers politiques de Mossadegh au clergé chiite et à ses membres les plus rétrogrades tels l’ayatollah Khomeyni, promu en Occident dès les années 60 par les seuls partisans de Mossadegh et par nul autre qu’eux].
Chapour BAKHTIAR, le grand oublié
En ce qui concerne Chapour Bakhtiar, qui accepta le poste de Premier ministre avant le départ du Shah, le combat qu'il mena au nom de la démocratie et de la laïcité pour empêcher la prise de pouvoir par Khomeiny est totalement passé sous silence.

Société post-islamiste (?!) en pleine théocratie totalitaire
L'apothéose figure dans la conclusion consacrée à l'avènement d'une «société post-islamiste » en Iran. C'est ici que les perspectives faussées, les jongleries avec le long terme, ou la pure et simple déformation des faits trouvent leur fin pour éviter une analyse politique sérieuse.
Dans un pays contrôlé par un pouvoir théocratique, où les méthodes les plus violentes ont été utilisées et sont toujours en vigueur pour mettre au pas toute velléité d'organisation autonome de la part de la société, et pour garantir la pérennité de la classe dirigeante issue de la révolution et l'application de l'idéologie qu'elle impose, la société iranienne serait devenue comme par miracle post-islamiste.
Le monde communiste a attendu la chute du communisme pour donner naissance à des sociétés postcommunistes, mais l'Iran islamisé en avance sur son temps devient post-islamiste dès avant le changement du régime politique !
  
Yann Richard